A

    De bon (ou de mauvais) ALOI

    Aujourd'hui :
    De bonne, de mauvaise réputation, qualité. (Larousse)

    Origine :
    Le mot aloi vient du verbe "allier" (dont la forme ancienne est "alloyer"), qui a donné également les mots modernes "alliance" et surtout, dans le cas qui nous occupe, "alliage". L'alloi est donc l'alliage de métal composant la monnaie. De bon (ou de mauvais) aloi qualifie donc la qualité d'une pièce de monnaie et par là-même, la fiabilité qu'on peut accorder à sa valeur supposée.

    Faire AMENDE honorable

    Aujourd'hui :
    Reconnaître ouvertement ses torts. (Larousse)

    Origine :
    L'amende honorable est une peine (amende) dont le but est de recouvrer son honneur (honorable) suite à une faute grave. La personne condamnée devait donc confesser publiquement sa faute et en demander pardon à Dieu et aux hommes. S'il ne s'agit pas d'une confession dans le sens religieux du terme, l'aveu s'accompagne malgré tout d'une pénitence, qui prend ici la forme d'une humiliation : le condamné était en chemise et pieds nus, portant un cierge allumé dans chaque main, et il devait se mettre à genoux pour dire la formule d'amende honorable qui était précisée dans le jugement. Dans les cas les plus graves (condamnation à mort) il pouvait porter également la corde au cou.

    Compte d'APOTHICAIRE

    Aujourd'hui :
    Compte d'une grande complexité, peu clair et de caractère suspect, ou compte fortement majoré. (Larousse)
    Compte, calcul, de manière très précise, avec manie. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Il y a plusieurs images transmises par cette expression, toutes en références avec le métier d'apothicaire, le pharmacien de l'époque.
    D'une part, la notion de compte précis et compliqué, qui vient des produits mêmes, vendus par l'apothicaire : des poudres et épices coûteuses, et vendues donc de manière très précises, au gramme près et en petites quantités. Cela nécessitait donc de la part de l'artisan de la minutie et de la précision dans les dosages, la pesée, et évidemment dans l'établissement de la facture.
    Mais du coup, il y a aussi la notion de compte surévalué, qui vient des "arrondis" qui pouvaient être faits suite à la pesée quant à l'établissement du prix de vente, au bénéfice bien évidemment de l'apothicaire et non du client.

    Ne pas être dans son ASSIETTE

    Aujourd'hui :
    Ne pas être dans son état normal, être mal à l'aise. (Larousse)

    Origine :
    Il ne s'agit pas du récipient servant aux repas, bien sûr, d'autant que celle-ci n'existe pas au moyen-âge, les convives mangeant plutôt à même le plat ou éventuellement à l'aide d'une écuelle ou d'un "tranchoir", mais est plus proche de l'assiette du cavalier, la manière dont il est assis confortablement sur la selle. En fait, le mot vient bien du verbe asseoir et désigne la façon dont les invités sont assis autour de la table. Il s'agit plan de table, en quelque sorte, de la manière dont les gens sont répartis en fonction du protocole. Être mal placé peut rendre très mal à l'aise, qu'on le soit au dessus ou au dessous de sa condition.

    AUBAINE

    Aujourd'hui :
    Profit inattendu, avantage inespéré ; occasion qui présente cet avantage. (Larousse)

    Origine :
    Au moyen-âge, un aubain est un étranger : c'est celui qui n'est pas du même ban, qui ne dépend donc pas du même seigneur. Celui-ci possède alors le "droit d'aubaine", c'est à dire le droit d'hériter des biens d'un étranger si celui-ci venait à mourir sur ces terres. Bien sûr, si celui-ci n'est qu'un pélerin ou un vagabond désargenté, cela n'est pas très intéressant. Mais s'il s'agit d'un colporteur, voire d'un riche marchand, cela vire franchement à la bonne affaire. Le décès imprévu d'un personnage inconnu, quelque chose de vraiment hasardeux, donc,  peut donc vite se révéler une vraie aubaine...

B

    Tenir la BRIDE (haute) à quelqu'un

    Aujourd'hui : 
    Le serrer de près, ne pas lui laisser la liberté de ses actions. (Larousse)

    Origine :
    La bride est la "pièce de harnais qui prend place sur la tête du cheval et qui comprend deux mors, les montants, la têtière, la sous-gorge, le frontal, la muserolle et les quatre rênes " (Larousse). C'est ce qui permet de diriger et de contrôler le cheval. Le cavalier tient alors fermement la bride, haute sur l'encolure de manière à donner des ordres sans équivoque.

    Lâcher la BRIDE

    Aujourd'hui :
    Donner toute liberté d'action à quelqu'un. (Larousse)

    Origine :
    La bride est la "pièce de harnais qui prend place sur la tête du cheval et qui comprend deux mors, les montants, la têtière, la sous-gorge, le frontal, la muserolle et les quatre rênes " (Larousse). C'est ce qui permet de diriger et de contrôler le cheval. Lâcher la bride, c'est donc laisser le cheval libre de ses mouvements, le laisser faire à sa guise.

    A BRÛLE-pourpoint

    Aujourd'hui :
    Brusquement, sans ménagement ; en face. (Larousse)

    Origine :
    Aux débuts de l'artillerie à poudre, à la fin du XVème siècle, les ancêtres du fusil, sortes de canons portatifs, fonctionnaient au moyen d'une mèche. Il n'était pas rare que celle-ci, en mettant le feu à la poudre, enflamme également la veste (le pourpoint) du tireur, qui s'en trouvait évidemment surpris.

    A BRIDE abattue

    Aujourd'hui : 
    A toute allure, à grande vitesse.

    Origine :
    La bride est la "pièce de harnais qui prend place sur la tête du cheval et qui comprend deux mors, les montants, la têtière, la sous-gorge, le frontal, la muserolle et les quatre rênes " (Larousse). C'est ce qui permet de diriger et de contrôler le cheval. Quand le cavalier lance le cheval au galop, il relâche la bride pour ne pas le réfreiner. La bride complètement abattue, le cavalier abandonne toute la bride pour se lancer au grand galop.

    Convoquer l'arrière-BAN

    Aujourd'hui :
    Faire venir les réserves, les ressources de dernère nécessité.

    Origine :
    Le ban est une proclamation du seigneur, un ordre, éventuellement pour une levée de troupes. Convoquer l'arrière-ban est donc une levée de troupes de réserve, celle qui n'a pas encore été convoquée par le ban. C'est un peu un recrutement de "fonds de tiroir", celui de la dernière chance.
    Convoquer le ban et l'arrière-ban, c'est recruter la totalité des troupes disponibles, sans garder de réserve.

    A noter :
    Ban a donné également le mot "banal", qui désigne non pas quelque chose d'ordinaire mais quelque chose qui est géré par le seigneur (un four, un moulin...).
    Les bans publiés à la mairie avant son mariage viennent également de là.

    BOULANGER

    Aujourd'hui :
    Personne dont le métier est de fabriquer le pain. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Au moyen-âge, la fabrication du pain est l'oeuvre de plusieurs métiers spécialistes, qui se complètent mais ne se chevauchent pas : il y a le talmelier, qui choisit sa farine et confectionne les pains, le fournier (ou parfois "fournirez"), qui s'occupe de la cuisson et des redevances à verser au seigneur pour l'utilisation du four banal et enfin le pannetier, qui distribue le pain.
    Le mot "boulanger" vient en fait de ce que les talmeliers fabriquaient des pains de petite taille, toujours ronds.
    Aujourd'hui, pourtant, le boulanger fabrique plus de baguettes que de pains en boules.

    BANQUE

    Aujourd'hui :
    Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières, et est chargé de l'offre et de la gestion des moyens de paiement. (Larousse)

    Origine :
    Au moyen-âge, les banquiers sont en grande partie italiens, lombards ou génois. Le mot "banque" vient donc de l'italien "banca", qui signifie "table de comptoir". En fait, le métier est pratiqué au début de manière itinérante par des hommes qui s'installent sur les bancs des places de commerce. Ces bancs évoluent et deviennent des comptoirs puis de véritables établissements, mais le mot reste et donne son nom à l'ensemble de l'activité.

    Mener quelqu'un en BATEAU

    Aujourd'hui :
    Faire accepter à un naïf une histoire destinée à le tromper. (Larousse)

    Origine :
    Rien à voir avec une barque, ici, et il n'est pas question de promener quelqu'un sur un esquif de manière à l'emmener où on veut. Car au moyen-âge, de toute façon, on ne parle pas de bateau, mais de navire, nef, barque, cogghe... En fait, le mot vient de l'ancien français "bastel", qui signifie "tromperie", et "instrument d'escamotage".  Il s'agit donc d'une duperie, dun tour de passe-passe organisé par un "bateleur" dans une foire. Ceui-ci "monte un bateau", donc, expression qui est restée, également.

C

    Avoir un nom à COUCHER dehors

    Aujourd'hui :
    Avoir un nom difficile à prononcer ou à retenir. (Larousse)

    Origine :
    Au moyen-âge, la notion de classes est particulièrement importante et régit toute la société : chacun doit rester à sa place. Le nom est alors un bon indicateur du niveau social, et il ne faut pas s'attendre aux mêmes égards selon qu'on porte un nom noble et prestigieux, de petite noblesse, ou un sobriquet populaire. Dans les auberges, notamment, le service sera en rapport avec son nom et pas seulement avec le contenu de la bourse. Ainsi, selon son patronyme, couchera-t-on dans la meilleure chambre, dans la salle commune, dans la grange ... ou carrément dehors.

    Avoir plusieurs CORDES à son arc

    Aujourd'hui :
    Avoir plusieurs moyens de parvenir à ses fins. (Larousse)

    Origine :
    Un arc est une arme fragile, et du bon état de sa corde peut dépendre la vie ou la mort de l'archer. Avoir des cordes de rechange était donc indispensable à un archer digne de ce nom, qui pouvait ainsi s'en sortir plus facilement si l'une d'entre elles cassait, se distendait...

    Battre sa COULPE

    Aujourd'hui :
    Témoigner son repentir. (Larousse)

    Origine :
    Le moyen-âge en occident était chrétien et très dévot. Or les cérémonies chrétiennes commencent par un acte de contrition, de regret des fautes commises. Les fidèles se frappent alors la poitrine dans un geste de regret et récitent en latin (langue de l'Eglise jusqu'à très récemment) : "Mea Culpa, mea maxima culpa". C'est à dire "c'est ma faute, ma très grande faute". D'où le raccourci de "battre sa coulpe"

    CHAMPION

    Aujourd'hui :
    Athlète ou équipe qui remporte la première place dans une compétition sportive.
    Personne qui excelle dans un sport ; sportif de haut niveau.
    Personne qui soutient ou incarne parfaitement une conviction, une cause, une attitude

    Origine :
    A l'origine, les tournois se déroulaient sur terrain ouverts et plus en groupe que de manière individuelle. Mais à partir du XIIIème siècle environ, ils ont de plus en plus lieu en champ clos, à l'instar des duels judiciaires. Ils se déroulent alors en champ clos. Le champion est le participant à ce tournoi ou à ce duel en champ clos.

    Une COTE mal taillée

    Aujourd'hui :
    Répartition approximative, voulant contenter un maximum de participants. (Wiktionnaire)

    Origine :
    La cote est un impot, à ne pas confondre avec la cotte qui est un vêtement.
    Tailler, par ailleurs, signifie "répartir" et par extension "imposer". Le mot donne d'ailleurs son nom à une expression, "taillable à merci" (voir ce mot).
    Il ne s'agit donc ici aucunement d'une tunique mal coupée mais d'un impôt mal réparti, qui ne satisfait donc personne.

    Note :
    Le mot cote, qui vient du latin "quotus", "en quel nombre", se retrouve notamment dans un sens approchant dans le mot quote-part, encore utilisé aujourd'hui.

    CORVEABLE à merci

    Aujourd'hui :
    Personne à qui on peut faire faire ce que l'on veut, qui n'a d'autre choix que d'obéir.

    Origine :
    Une corvée est d'abord un devoir du serf de s'acquiter de certaines tâches pour le compte du seigneur. Une espèce d'impôt en heures de travail, en quelque sorte. Souvent pénibles, les travaux effectués ainsi ont donné le sens actuel du mot corvée (tâche rébarbative).
    La merci est le bon vouloir de quelqu'un, d'où l'expression "être à sa merci".
    Au moyen-âge, les serfs étaient "taillables et corvéables à merci". C'est à dire que le seigneur pouvait décider unilatéralement sans rendre compte à quiconque des travaux qu'il pouvait exiger de ses gens.

    COQUIN

    Aujourd'hui :
    Celui, celle qui a un caractère vil, qui est capable de friponneries, de vols, d’actions déshonnêtes ; personne débauchée, qui a beaucoup d’amants ou de maîtresses ; Amant, amante habile au jeu de la séduction et de l’amour. ; Personne espiègle avec un regard malin. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Au moyen-âge, les pélerins parcourent les routes en très grand nombre. Pour se faire reconnaître et obtenir charité, droits de passages et autres menus avantages, ils portent généralement un signe distinctif. Ainsi, les pélerins se rendant à Saint Jacques, les "jacquets", arborent-ils une coquille saint-Jacques. Mais pour mieux les approcher et les dépouiller, les brigands et bandits de grands chemins se font passer pour certains des leurs et arborent eux aussi la fameuse coquille. On les appelle des coquillards. C'est de ce mot que dérive le mot "coquin", qui apparaît vers le XIIème siècle et qui signifie à ce moment là "voleur".

    Pays de COCAGNE

    Aujourd'hui :
    Pays imaginaire où l'on a tout en abondance et sans peine. (Larousse)

    Origine :
    L'expression fait référence aux régions riches, et prospères, entre Toulouse et Albi, dans le sud-ouest de la France, où était cultivé la guède.En effet, cette plante était précieuse car elle permet d'obtenir le pastel, un pigment bleu très apprécié pour la teinture des tissus et vendu fort cher. Les feuilles étaient d'abord écrasées puis façonnées en boules de 10 à 15cm de diamètre. Ce sont ces boules qu'on nomme "coquagnes". Dès l'origine, un pays de cocagne est donc un lieu d'abondance, où on gagne facilement de l'argent. 

    C'est la CROIX et la bannière

    Aujourd'hui :
    Il y a beaucoup de difficultés à vaincre. (Larousse)

    Origine :
    Le moyen-âge, très religieux, mais aussi pour des raisons d'apparat civil, organisait beaucoup de processions. En tête du cortège, venait d'abord la Croix du Christ, puis les bannières de la paroisse, des notables, des corporations et confréries diverses. Organiser une telle manifestation, en tenant compte des règles de préséances et en ménageant les susceptibilités, pouvait devenir un vrai casse-tête.

D

    Aller au DIABLE vauvert

    Aujourd'hui :
    Très loin, à grande distance.

    Origine :
    Le 13 janvier 1200, le roi Philippe II Auguste refusant de se séparer d'Agnès de Méranie et de rendre sa place à Ingeburge de Danemark, son épouse légitime, est excommunié par le pape Innocent III. Il séjourne alors au château de Val-Vert, près de Paris, près de la Barrière d'Enfer, dont le nom vient de la rue d'Enfer (après le faubourg St Jacques) nommée ainsi car elle aurait été un lieu de débauches et de voleries (quoique d'autres hypothèses sur ce nom n'aient rien à voir avec le diable).
    Ainsi, partir loin, en cavalle, prend vite le sens de se réfugier dans un lieu maudit (par l'interdit de l'Eglise et l'excommunication), au-delà même de l'enfer : au château de Val-Vert.

    DENREE

    Aujourd'hui :
    Marchandise destinée à la consommation, surtout alimentaire ; produit comestible. (Larousse)

    Origine :
    Vers le XIIème siècle, "dénerée" désigne toute marchandise, pas forcément périssable, d'une valeur d'un denier. Sous Saint-Louis, on note sous cette appellation de "denrée" une mesure de pain. Le mot prend alors progressivement le sens de marchandise commestible.

E

    Gagner ses EPERONS

    Aujourd'hui :
    Faire ses premières armes avec distinction. (Wiktionnaire)
    Monter en grade.

    Origine :
    Avant de devenir chevalier, le chemin était long et difficile. Certains ne dépassaient d'ailleurs jamais le stade d'écuyer, pour de multiples raisons.
    La cérémonie d'adoubement, par laquelle un homme devenait enfin chevalier, s'accompagnait de nombreux rites, parmi lesquels on remettait à l'impétrant ses armes, et notamment les éperons. "Gagner ses éperons" était donc l'aboutissement, enfin, et la reconnaissance par ses pairs en tant que chevalier. 

    A bon (mauvais) ESCIENT

    Aujourd'hui :
    Avec à-propos, en connaissance de cause, ou sans discernement, à tort. (Larousse)

    Origine :
    Le mot "escient" vient du latin "sciens", participe présent du verbe "scire", en français "savoir". C'est de là que vient également le mot "sciemment".
    Il est utilisé couramment jusqu'au XVIIème siècle, où on ne le trouve plus que dans l'expression "à bon (ou mauvais) escient".

F

    En son FOR intérieur

    Aujourd'hui :
    Au fond de moi-même (de toi-même), en ma conscience. (Larousse)

    Origine :
    En droit écclesiastique, le "for" est le lieu où les tribunaux peuvent exercer leur juridiction. Le mot vient du latin "forum", la place publique, mais aussi le tribunal.
    Au moyen-âge, dans les affaires qu'elle traitait, l'Eglise différenciait le "for extérieur", qui concernait toutes les affaires relative à la religion, du "for intérieur", qui concernait les questions plus personnelles, fautes traitées par la confession et la pénitence. Progressivement, le "for intérieur" représenta donc la conscience individuelle.

    FROMAGE

    Aujourd'hui :
    Produit alimentaire obtenu par coagulation du lait, égouttage du caillé ainsi obtenu et, éventuellement, affinage. (Larousse)

    Origine :
    Le moyen-âge consomme beaucoup de lait : c'est un moyen facile et accessible de consommer des protéines à peu de frais. On le caille pour plus de facilité et on le sale pour le conserver. On l'appelle alors "caseus", en latin "ferment", c'est à dire "lait fermenté". On le met en forme, aussi, pour plus de praticité, par l'opération de "formage", du latin "forma", "forme", tout simplement. Progressivement, il va alors prendre le nom de l'opération elle-même, car les formes évoluent dans le temps et les régions. De "caseus", il devient" formage", puis "fromage".

    Note :
    On retrouve cete racine latine "forma" dans le mot "fourme", qui désigne localement certains types de fromages.

    Au FOUR et au moulin

    Aujourd'hui :
    Faire simultanément plusieurs tâches. (Wiktionnaire)

    Origine :
    A l'époque féodale, les fours et les moulins appartenaient la plupart du temps au seigneur. Il était alors formellement interdit de moudre sa farine ou de cuire son pain autrement qu'en utilisant ces biens communautaires contre le versement d'une redevance. Pour faire son pain, donc, il était indispensable de se rendre d'abord au moulin pour moudre son grain, puis au four pour cuire son pain. Les deux étant généralement assez distants (les moulins à vent n'existant quasiment pas, les moulins étaient en périférie, le long d'un cours d'eau), il était effectivement compliqué d'être simultanément au four et au moulin, quel que soit son désir de gagner du temps.

    Conter FLEURETTE

    Aujourd'hui :
    Adresser des paroles tendres et amoureuses. (Larousse)

    Origine :
    Les femmes aiment qu'on leur offre des fleurs, c'est une tradition. Et le premier geste d'un amoureux auprès de sa belle est tout aussi traditionnellement de lui offrir des fleurs. Ce geste donne un ton romantique à la relation, et permet de faire passer un message, que ce soit de tendresse, pour se faire pardonner... En langage moderne, "conter fleurette", c'est tout simplement "draguer".

    Note :
    Il est intéressant de noter l'évolution de l'expression, qui a donné en français "fleureter", qui n'est plus guère usité sous cette forme. Pourtant, il est encore utilisé avec la même prononciation, mais en bon franglais "flirter". C'est amusant de voir les aller-retours entre les deux langues, sans changement de sens.

    Mettre sa main au FEU

    Aujourd'hui :
    Être fortement persuadé de ce qu'on avance. (Larousse)
    Assurer que la chose est ainsi, en répondre à ses risques et périls. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Il faut trouver l'origine de l'expression dans la pratique de l'ordalie, ou duel judiciaire. Il s'agit d'une épreuve permettant à un accusé de faire laisser Dieu juge de son innocence ou de sa culpabilité. Ainsi, dans l'épreuve du fer rouge, il s'agissait de porter une barre de fer rougie au feu sur neuf pas. La main était ensuite enfermée dans un sac de cuir scellé par le juge. 3 jours plus tard, on évaluait l'évolution de la plaie. Si la plaie était cicatrisée, l'accusé était innocent. Sinon, la sentence était proportionnelle à son état. Pour choisir de "mettre sa main au feu", il faut donc être vraiment certain de son bon droit ... et avoir foi en Dieu !   

G

    GLANDER

    Aujourd'hui :
    Perdre son temps à ne rien faire ; paresser ou faire des choses sans utilité. (familier) (Larousse)

    Origine :
    La glandée était un droit octoyé par le seigneur aux paysans sur ses terres : il s'agissait de mener les porcs en forêt pour qu'ils se nourissent de glands. Inutile de dire qu'il ne s'agissait pas d'une besogne épuisante et que le glandeur était facilement considéré comme un bon à rien : tout juste bon à conduire quelques cochons, animaux peu enclins à la fantaisie tant qu'ils ont à manger, dans la forêt.

    Rester en travers de la GORGE

    Aujourd'hui :
    Être déplaisant sans être accepté. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Il faut trouver l'origine de l'expression dans la pratique de l'ordalie, ou duel judiciaire. Il s'agit d'une épreuve permettant à un accusé de faire laisser Dieu juge de son innocence ou de sa culpabilité. L'une des épreuves, dite "du pain et du fromage", consistait à gaver d'aliments l'accusé. S'il n'arrivait pas à avaler et s'étouffait, il était alors considéré comme coupable. On pouvait bien dire que l'épreuve lui était "restée en travers de la gorge".

    Faire des GORGES CHAUDES

    Aujourd'hui :
    Faire des plaisanteries ; exercer sa malignité ; se moquer de quelqu’un.. (Wiktionnaire)

    Origine :
    Il s'agit initialement d'un terme de vénerie : les gorges chaudes sont les petits rongeurs vivants ou morceaux de viande tout juste dépecés que l'on donnait aux oiseaux de proie en récompense de leur chasse. La gloutonnerie de l'oiseau à ce moment là, sa satisfaction et la manière dont il la montre, expliquent comment l'expression a dérivé vers ces personnes qui se délectent du mal qu'ils disent à propos de leurs concitoyens.  

H

    Tenir le HAUT du pavé

    Aujourd'hui :
    Tenir le premier rang, jouir d'une grande considération. (Larousse)

    Origine :
    Les rues du moyen-âge n'ont pas de trottoir, et sont penchées de chaque côté, de manière à ce que les eaux sales et détritus s'écoulent par une rigole centrale.
    Les passants circulant au milieu de la rue, près de la rigole étaient donc en contrebas par rapport à ceux situés aux extrémités extérieures. Bien évidemment, les passants du bas circulaient quasiment au milieu des immondices, tandis que ceux du haut en étaient plus ou moins protégés. Il va de soi que le niveau social se reflétait dans l'exigence de se tenir le plus loin possible des saletés. Si tenir le haut du pavé avait un sens éminemment pratique au début, cela s'est très vite transformé en une classification sociale des passants.

     

    HASARD

    Aujourd'hui :
    Puissance considérée comme la cause d'événements apparemment fortuits ou inexplicables ; circonstance de caractère imprévu ou imprévisible dont les effets peuvent être favorables ou défavorables pour quelqu'un. (Larousse)

    Origine :
    Le mot viendrait de l'arabe "Al-zahr", qui désigne des dés à jouer. Toutefois, un doute apparaît aujourd'hui, car ce mot semble assez moderne dans ce sens. Il faudrait plutôt cehrcher du côté du mot "yasara", qui signifie "jouer aux dés" en arabe classique.
    Quoiqu'il en soit, c'est sans doute un des nombreux apports des croisades que ce mot qui devient synonyme de "chance", voire de "danger", sens qu'il prendra dans le qualificatif "hasardeux", ainsi que dans la langue anglaise.

I

    J - K

      JONCHER

      Aujourd'hui :
      Être épars sur le sol en abondance. (Larousse)

      Origine :
      Le sol d'une habitation est habituellement en terre battue. Pour éviter la saleté, mais aussi pour idoler du froid, on a coutune de le recouvrir de joncs séchés, éventuellement parsemé de fleurs odorantes, la "jonchée". De nos jours, le mot a perdu tout rapport avec la plante et a gardé juste le sens de "recouvrir".

      Semaine des quatre JEUDIS

      Aujourd'hui :
      Exprime une impossibilité, quelque chose qui n’arrivera jamais. (Wiktionnaire)

      Origine :
      La religion, très importante au moye-âge, imposait de nombreux jours maigres voire de jeûne. A contrario, elle aurorisait également des jours gras, quand on pouvait se le permettre. Ainsi, le jeudi, qui précédait le jeune du vendredi en mémoire de la crucifixion du Christ, était considéré comme jour de réjouissance. C'était le jour le plus gras de la semaine et pour les gens de l'époque, la semaine des deux jeudis, si elle avait pu exister aurait été une bénédiction.
      On a donc commencé par deux jeudis, puis on est passés à trois au XVIème siècle et enfin à quatre au XIXème.
      Rien à voir donc, au départ, avec le jour de congé scolaire du milieu du XXème siècle.

      JEUX de mains, JEUX de vilains

      Aujourd'hui :
      Les chamailleries se terminent souvent par des coups. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Le jeu de paume est un sport très ancien, dont les origines remonteraient à plusieurs millénaires.
      Ancètre du tennis et d'une manière générale, de la plupart des sports de raquette, il se jouait au début à main nue. C'est vers la fin du moyen-âge et au début du XVIème siècle que l'usage de la raquette commance à se généraliser. Très prisé par l'ensemble de la population française, notamment, il touche à toutes les couches de la sociétés : nobles et manants, hommes et femmes, etc. Evidemment, la raquette se généralise parce que certaines populations ne veulent pas se salir les mains : il est bien loin, le temps où les nobles étaient des combattants, des guerriers pas forcément très dégrossis. Au Xvème siècle, ce sont les manants, les vilains, considérés comme des brutes sans éducations, qui jouent avec les mains : les gens "biens", eux, jouent avec un accessoire, la raquette. Jouer avec la main, donc, est synonyme de bassesse sociale.

    L

      S'en mettre plein la LAMPE

       Aujourd'hui :
      Manger et boire beaucoup. (familier) (Le Dictionnaire)

      Origine :
      3 hypothèses se disputent l'honneur d'être à l'origine de cette expression :
      D'abord, l'analogie avec une lampe qu'on doit remplir d'huile avant de l'utiliser. Le réservoir plein s'apparente alors à notre estomac que l'on remplit de notre propre carburant, solide et liquide.
      Il y a aussi la possibilité, plus tardive (XVIIème siècle), d'une association avec le verbe "lamper" qui dériverait de laper, qui signifierait "boire avidement", et que les chiens et chats utilisent d'ailleurs toujours. Mais cette hypothèse tient de la poule et l'oeuf : qui est venue en premier, la lampe, ou la lampée ?
      Enfin il y aurait l'analogie avec l'ancien mot "lampas", qui existait dans une expression aujourd'hui disparue, "s'humecter le lampas", signifiant se rafraîchir. Le lampas était la luette, le palais. et donc s'en "mettre plein la lampe" était plus se remplir la bouche que l'estomac, littéralement parlant.
      Quoiqu'il en soit, le ventre rebondi d'une lampe, les mot "lamper" et "lampas" (utilisé d'ailleurs par La Fontaine), tout cela vient plus du XVIIème siècle que du moyen-âge. De toutes façons, à cette époque, rares étaient ceux qui pouvaient réellement "s'en mettre plein la lampe".

      Il y a belle LURETTE

      Aujourd'hui :
      Il y a bien longtemps. (Larousse)

      Origine :
      "Lurette" est une déformation du mot "heurette", qui signifie "une petite heure". Mais l'heure au moyen-âge ne correspond pas à 60 minutes : il n'y a pas de montre, pas d'horloge, et le temps est rythmé par les offices religieux qui ont lieu aux "heures canoniales", c'est à dire "Mâtines" (ou "Vigiles"), "Laudes", "Prime", "Tierce", "Sexte", "None", "Vêpres", "Complies"... Un "livre d'heures" est d'ailleurs un ouvrage de prières pour ces différents offices. "Belle heurette", ou "belle lurette", correspond donc au moins à l'office précédent, soit environ 3 heures sur notre montre.

    M

      MONNAIE de Singe

      Aujourd'hui :
      Se moquer au lieu de payer. (Larousse)
      Payer un prix très inférieur à la valeur réelle.

      Origine :
      A Paris, pour entrer sur l'île de la Cité, coeur de la ville, il fallait passer par le Châtelet et s'acquiter d'une taxe. Toutefois, il était de coutume de laisser passer les saltimbanques en échange d'un simple tour ou d'une démonstration de leurs talents. Ceux-ci faisaient donc volontiers faire des cabrioles à leurs animaux familiers, comme les petits singes qui les accompagnaient. Ils payaient donc "en monnaie de singe", pour amuser la galerie et être dispensés de payer en espèces "sonnantes et trébuchantes".

      Avoir MAILLE à partir

      Aujourd'hui :
      Avoir un différend avec quelqu’un, des difficultés avec quelque chose. (Wictionnaire)

      Origine :
      Moins connue que le sou ou le denier, la maille était pourtant également  au moyen-âge une monnaie, la plus petite et celle de moindre valeur qui soit.
      Quant à partir, il n'a pas alors le sens de "s'en aller", mais de "partager".
      L'expression d'origine, "avoir maille à départir", signifie donc avoir à se partager une simple maille entre plusieurs personnes, ce qui est impossible, la maille étant indivisible (quoique localement, des demi-mailles aient pu exister), et donc source de conflit.

      Une autre paire de MANCHES

      Aujourd'hui :
      C'est une tout autre chose, c'est beaucoup plus difficile que ça. (Larousse)

      Origine :
      A la fin du moyen-âge, la cotte (vêtement féminin s'apparentant à une robe), avait des manches amovibles. Cela permettait de l'assortir de différentes manières, de les ôter en cas de forte chaleur ... et de faire cadeau de l'une d'entre elles à un chevalier que l'on voulait honorer lors d'un tournoi. Cette pièce de tissus, arboré sur la lance ou l'écu, devenait alors gage amoureux. Une autre paire de manches signifiait donc un défi de plus sur la route de la "Fin Amor", avec des exploits sans doute de plus en plus ébouissants.

      Avoir quelqu'un dans sa MANCHE

      Aujourd'hui :
      Avoir une personne susceptible de nous rendre service.

      Origine :
      Pas de poches sur les vêtements au moyen-âge : les manches étaient larges, et on y rangeaient les objets que l'on désirait garder sur soi. Avoir quelqu'un dans sa manche, c'est donc concerver à portée de main quelqu'un dont on peut se servir comme d'un outil. Il peut également s'y ajouter une dimension vénale si l'on considère que l'on rangeait sa bourse dans sa manche, bourse susceptible de payer la personne en question en échange de ses services.

      MANANT

      Aujourd'hui :
      Homme grossier ; rustre (souvent terme d'injure).(terme littéraire) (Larousse)

      Origine :
      Le manant est l'habitant du manoir. De statut un peu plus élevé que le vilain (voir ce mot), il est un riche paysan propriétaire. Toutefois, les clercs et les nobles le méprisent autant que le vilain et l'imaginent aussi rustre, laid et idiot que son confrère.

      MAROTTE

      Aujourd'hui :
      Idée fixe, goût obsessionnel pour quelque chose. (Larousse)

      Origine :
      Au départ, le mot qualifie une petite fille, d'après un diminutif du prénom Marie. Peu à peu, le mot dériva et désigna un sceptre, surmonté d'une tête coiffée d'un capuchon de diverses couleurs et garni de grelots, qu'on donnait pour attribut de la Folie. Le Fou du roi Charles V le Sage (1337-1380) fut le premier à adopter l'objet, et ses successeurs maintinrent la tradition. De là, vient l'expression "à chaque fou sa marotte", jusqu'à ce que le mot désigne tout simplement une manie.

    N

      Chercher des NOISES

      Aujourd'hui : 
      Chercher querelle pour un motif futile. (Larousse)

      Origine :
      En ancien français, "noise" signifie le bruit d'une dispute, d'une querelle. Il est issu du latin "nausea", signifiant le dégoût et qui a donné également "nausée".

      Note :
      Le mot "noise" n'existe plus en français mais a gardé le sens de bruit en anglais.

      Travail au NOIR

      Aujourd'hui :
      Travail rémunéré exécuté en violation des dispositions législatives et réglementaires, sociales ou fiscales, régissant l'exercice d'une activité professionnelle. (Larousse)

      Origine :
      Au moyen-âge, les guildes professionnelles régissaient strictement les droits et devoirs des artisans des différentes profession. Et notamment, elles réglementaient le travail selon les jours de la semaine (pas de travail le dimanche et les jours de fêtes religieuses, très nombreuses à cette époque), et exigeaient que le travail ne soit effectué qu'à la lumière du jour. En hiver notamment, cela représentait une contrainte énorme, et certains maîtres n'hésitaient pas à faire travailler leurs apprentis à la lueur de la chandelle pour augmenter leurs profits. "Travailler au noir" a donc le sens de "travailler à la nuit tombée", et n'a rien à voir avec l'esclavagisme et la traite négrière.

      Faire la NIQUE

      Aujourd'hui :
      Geste fait en signe de mépris ou de moquerie. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Le mot pourrait venir de l'allemand "nicken", signifiant "incliner la tête", mais aussi "taquiner". Mais comme souvent, la question se pose parfois de savoir si la source des deux est bien celle qu'on croit.
      Se pose alors la question du lien avec le "niquet", monnaie de faible valeur frappée par Henri V (1387 - 1422), roi anglais sur le trône de France, au début de la guerre de 100 ans. En effet, l'expression "faire la nique" se disait tout aussi bien "faire le niquet". S'agissait-il alors d'attribuer à son interlocuteur la valeur d'un petite pièce insignifiante ?

    O

      En ODEUR de sainteté

      Aujourd'hui :
      Estimé, bien vu de quelqu’un. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Un cadavre en décomposition ne sent pas précisément agréablement. Mais cette corruption du corps était jugée incompatible avec ce qui vient de Dieu. L'un des critères pour juger de la sainteté d'une personne était donc l'odeur qui se dégageait de son corps apès sa mort. On croyait en effet qu'un saint dégageait de douces effluves autour de sa sépulture. Être en "odeur de sainteté", c'est donc être susceptible de voir ouvrir un procès en cannonisation à son égard.

      D'ORES et déjà

      Aujourd'hui :
      Dès maintenant, sans attendre. (Larousse, Reverso)

      Origine :
      Ores, qu'on retrouve plus souvent qu'on ne croit (désormais, alors, lors de, or...) vient du latin "hora", et plus précisément de l'expression "hac hora", signifiant à cette heure.
      Déjà, qu'on croit mieux connaître, se retrouve au XIIIème siècle sous la forme "dès ja". Ce ja, qu'on retrouve dans "jamais", vient du latin "jam", qui signifie "maintenant".
      Au XIVème siècle, notre fameux "d'ores et déjà" se disait d'ailleurs "d'ores et dès ja", ou "d'ores et a ja". Comment "déjà" en un seul mot est né, fait partie de ces miracles de l'évolution de la langue.

      Verser son OBOLE

      Aujourd'hui :
      Modesteoffrande ou don peu important. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Initialement, une obole est une petite pièce de monnaie. Attestée dès 1200 (en Flandre, dans un document qui se réfère au gouvernement de Hugues, comte de Rethel), il s'agit d'une pièce valant 1/4 de denier. Dans la Grèce antique, déjà, il semblke que c'ait été une petite monnaie valant le sixième d'une drachme, comme attesté en 1539 dans une traduction de texte latin (Macault, Apophtegmes, Aristippus, livre III). Puis, le mot dérivera vers le sens de "petite somme d'argent", comme l'atteste Schélandre en 1628 dans la pièce Tyr et Sidon. Enfin, depuis 1738 (Argens, Lettre Juives), on lui trouve le sens actuel de actuel de "don de très peu d'importance". (sources CNRTL)

    P

      POTAGE

      Aujourd'hui :
      Préparation liquide, claire ou liée, consommée chaude ou froide au début du repas. (Larousse)

      Origine :
      Au moyen-âge, un potage n'est pas une soupe (voir ce mot), qui n'est d'ailleurs pas elle-même un bouillon. En fait, la cuisson la plus courante alors est de mettre un pot dans l'âtre et de laisser mijoter les aliments qu'il contient pendant des heures. Un potage est alors la préparation ainsi obtenue, quels que soient les ingrédients et quelle que soit la consistance. Plus tard, on appellera potage les seules préparations de légumes cuits dans un pot avant que le sens dérive progressivement vers celui que nous lui connaissons.

      Avoir la PUCE à l'oreille

      Aujourd'hui :
      Être vigilant, être à l’écoute, pressentir quelque difficulté contre laquelle il faut se prémunir. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Il s'agit au XIIème siècle d'une expression faisant référence à un état amoureux : comme si une petite bête sussurait dans le creux de l'oreille des idées amoureuses, voire même érotiques. Pour faire simple, "avoir la puce à l'oreille", c'est se mettre à avoir des idées un peu en dessous de la ceinture.

      PILE ou face

      Aujourd'hui :
      Jeu de hasard où l’un des joueurs jette une pièce de monnaie en l’air, l’autre nommant le côté qu’il veut de la pièce et gagnant si la pièce tombée présente ce côté. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Le jeu de pile ou face fait partie, au même titre que les jeux de dés, des nombreux jeux difficile à dater précisément tellement ils sont anciens. Il date, bien entendu, de l'invention de la monnaie, mais a pu être également joué avec de menus objets comportant deux faces distinctes, tels des coquillages, par exemple. Ainsi, des écrits grecs parlent d'un jeu où des enfants jettent el l'air des tessons de poterie blanc d'un côté, noir de l'autre, en criant "nuit ou jour"...
      En 781, Charlemagne fait frapper de nouvelles pièces, comportant son monogramme en forme de Croix sur le revers, et le jeu s'appelle "Croix ou Pile". 
      Mais pour "pile", l'origine est incertaine : cela pourrait être en latin médiéval le coin inférieur du marteau qui frappe la monnaie ; ou alors le verbe piler,  parce que la pièce était pressée (ou pilée) entre deux poinçons ; ou alors, mais cela rend l'origine de mot plus tardive, parce que sous Saint Louis, certaines pièces (les "gros tournois"), comportent sur l'une des faces un temple (ou un chateau) soutenu par des piliers. L'autre face de ce "gros" comporte une croix, d'ailleurs...
      Toujours est-il qu'au moyen-âge, on joue à "Croix ou Pile", jusqu'à ce qu'on prenne l'habitude, vers le XVIème siècle, de représenter l'effigie du seigneur qui bat monnaie sur l'un des côtés. Celui-ci prend alors le nom de "face".

      Faire du PIED

      Aujourd'hui :
      Faire des avances discrètes. (Wiktionnaire)

      Origine :
      Bien que l'expression soit récente, le principe est fort ancien : dans un ouvrage de 1462, "les cent nouvelles nouvelles", est racontée (nouvelle XXXII) la scène suivante :
      "Ce dîner vint, et frère Eustache qui ne savoit pas l'intention de son hôte, fit assez bonne chère sous son chaperon,et quand il voit son point, il prêtoit ses yeux à l'hôtesse sans épargner par dessous la table le gracieux jeu des pieds". (source : Google Books)

    Q

      A la QUEUE leu leu

      Aujourd'hui :
      A la file, à la suite les uns des autres. (Larousse)

      Origine :
      "Leu" est l'ancienne graphie du mot "loup". A la queue leu leu signifie donc " à la queue du loup le loup", c'est à dire se tenir comme une bande de loups, les uns derrières les autres, chacun suivant la queue du précédent.

    R

      A tour de RÔLE

      Aujourd'hui :
      Chacun son tour.

      Origine :
      Etymologiquement, le mot rôle vient du latin "rotulus", signifiant rouleau. Dès l'antiquité, il s'agit en fait d'un rouleau de parchemin sur lequel était inscrit généralement un acte juridique.
      Ces rouleaux étaient enroulés autour d'une tige de bois, et formaient un volume (du verbe latin "volvo, is ere", rouler). Un tour du rôle signifie donc qu'on déroule le volume pour passer à l'affaire suivante.

      Avoir le beau RÔLE

      Aujourd'hui :
      Chacun son tour.

      Origine :
      Etymologiquement, le mot rôle vient du latin "rotulus", signifiant rouleau. Dès l'antiquité, il s'agit en fait d'un rouleau de parchemin sur lequel était inscrit généralement un acte juridique.
      Parmi toutes les affaires du tribunal, ceux qui ont le beau rôle sont donc ceux qui ont les affaires les plus intéressantes, profitables.

      De la ROUPIE de sansonnet

      Aujourd'hui :
      Sans valeur, insignifiant. (Larousse)

      Origine :
      Rien à voir avec la monnaie de l'Inde, qui n'existait d'ailleurs pas au moyen-âge, la roupie ayant été mise en circulation pour la première fois au XVIe siècle par Sher Shah Suri, fondateur de l'empire Sur dans le nord de l'Inde. En fait, "roupie" signifie "goutte". Littéralement, c'est la goutte au nez, de la morve, donc. Et le sansonnet étant un petit oiseau (17 à 22cm pour un poids inférieur à 100g), autant dire que de la morve d'étourneau, ce n'est vraiment pas grand chose, ni en volume ni en valeur.

      Note :
      Ce genre d'expression imagée est assez courant, et est à rapprocher d'autres du même acabit, comme du "pipi de chat", par exemple.

      Être au bout du ROULEAU

      Aujourd'hui :
      Être sans argent, sans ressources ; être à bout de forces ; n'avoir plus longtemps à vivre. (Larousse)

      Origine :
      La plupart des écrits du moyen-âge le sont sur des parchemins qu'on enroule autour d'une tige de bois, les ouvrages reliés étant rares et chers. Ainsi en est-il de l'ensemble des actes juridiques devant être traités, ou des pièces de théatres (quand celles-ci sont écrites, les saltimbanques ne sachant habituellement pas lire). Etre au bout du rouleau, c'est donc arriver à la fin du volume (du verbe latin "volvo, is ere", rouler) après un travail épuisant. D'une part, on a épuisé toutes les ressources disponibles dans le volume, et d'autre part on est soi-même fatigué du travail accompli.

    S

      Espèces SONNANTES et trébuchantes

      Aujourd'hui :
      Argent liquide destiné à payer quelque chose. (Larousse)

      Origine :
      Lorsque la monnaie valait précisément son poids en métal précieux, il était facile de frauder : rognage des pièces pour récupérer une partie du métal, fabrication de pièces en alliage appauvri en métal précieux, etc... Comment donc vérifier que la monnaie était "de bon aloi" ?
      Les changeurs était équipés de petites balances, destinées à peser les pièces. Ces balances étaient nommés "trébuchets" car elles étaient conçues de manières à ce que si les pièces étaient rognées et donc allégées, le plateau ne bougeait pas. En revanche, si elle pesait le bon poids, le plateau basculait et la pièce tombait. Elle trébuchait, donc.
      Par ailleurs, ils étaient équipés de petites plaques de marbres sur lesquelles ils laissaient tomber les pièces, pour écouter le son produit. Ils étaient alors capables de distinguer au bruit si la pièce était du bon alliage ou si elle avait été falsifiée.

      Trempé comme une SOUPE

      Aujourd'hui :
      Mouillé par la pluie de manière extrème.

      Origine :
      Du latin "suppa", la soupe désigne à l'origine les tranches de pain qu'on déposait au fond de l'écuelle et qu'on noyait de bouillon, de sauce ou de vin chaud. Le pain gonflait et donnait au plat l'apparence que quelque chose de solide qui pourtant dégoulinait abondamment.

      Être sur la SELLETTE

      Aujourd'hui :
      Être accusé, mis en cause ou être l'objet d'un flot de questions, de critiques. (Larousse)

      Origine :
      Bien que beaucoup d'expressions viennent du domaine de l'équitation, rien à voir ici avec une petite selle : une sellette est un siège de bois sur lequel on faisait asseoir l'accusé au tribunal pour lui faire subir un dernier interrogatoire avant l'application de la peine (Larousse). Cette expression apparaît dans un écrit de 1326 sous la forme "mettre aucun sur la sellette", et signifie donc "interroger l'accusé".

    T

      TAILLABLE à merci

      Aujourd'hui :
      Personne dont on peut faire ce que l'on veut, qui n'a d'autre choix que d'obéir.

      Origine :
      Tailler signifie "répartir" et par extension "imposer".
      La merci est le bon vouloir de quelqu'un, d'où l'expression "être à sa merci".
      Au moyen-âge, les serfs étaient "taillables et corvéables à merci". C'est à dire que le seigneur pouvait décider unilatéralement sans rendre compte à quiconque des impots qu'il pouvait lever sur ses terres.

      TRAVAILLER

      Auourd'hui :
      Faire un effort soutenu pour obtenir un résultat ; réaliser une production, produire ; avoir une profession, exercer un métier ; étudier [...]. (Larousse)

      Origine :
      Dans la Bible, Adam est condamné à gagner son pain à la sueur de son front. Le travail est donc à l'origine une peine à accomplir dans la souffrance. Le mot lui-même vient d'ailleurs du latin populaire "tripaliare", qui signifie torturer. Au XIIème siècle, il évolue en "traveiller", mais inclus toujours la même notion de souffrance. Il gardera longtemps cette notion de pénibilité, qu'il conserve d'ailleurs toujours quand il est question du travail d'une femme lors de l'accouchement.

      TRIER sur le volet

      Aujourd'hui :
      Choisir, sélectionner des personnes, des choses selon des critères très sévères. (Larousse)

      Origine :
      Le volet est à l'origine une tablette, sorte de tamis constitué d'un voile fin de tissu. Ce volet était alors utilisé pour trier les graines selon leur diamètre, et ôter les éventuels cailloux qui s'y seraient mélangés.
      Mais le volet est aussi la planche utilisée pour fermer les échoppes, et qui servait également de présentoir. Les acheteurs pouvaient donc y voir les marchandises mises en vente, et faire leur choix parmi elles.

      TINTIN !

      Aujourd'hui :
      Vous pouvez toujours attendre ! N'y comptez pas ! (Larousse)

      Origine :
      Aucun rapport, évidemment, avec le héros de BD. L'expression date bien du moye-âge et fait allusion à des pièces qui tintaient aux oreilles (les fameuses espèces "sonnantes"). C'est donc comme faire miroiter un gain à quelqu'un en lui faisant tinter les pièces à l'oreille, mais sans les lui donner.

    U

      V-W

        Avoir VOIX au chapitre

        Aujourd'hui :
        Avoir le droit de donner son avis. (Larousse)

        Origine :
        Le chapitre est l'assemblée des moines d'un monastère, là où se traitent les affaires et où prennent les décisions. Mais seuls les moines ples plus importants peuvent y faire entendre leux voix : les novices, frères lais et serviteurs n'y ont pas le droit de s'exprimer.

        VILAIN

        Aujourd'hui :
        Qui est assez laid, désagréable à voir, qui déplaît ; qui est moralement laid, malhonnête ou indécent. (Larousse)

        Origine :
        Une villa, pour les romains, est une demeure luxueuse, certes, mais surtout entourée de terres. Au moyen-âge, elle prend donc le sens de "ferme", "exploitation agricole".
        Un "villain", initialement, qui évoluera en "vilain", est tout simplement l'habitant d'une villa, un paysan. Les clercs, les nobles l'imaginent rustre, mal dégrossi, voire laid et idiot, capable de toutes les "vilenies".

        VIANDE

        Aujourd'hui :
        Aliment tiré des muscles des animaux, principalement des mammifères et des oiseaux. (Larousse)

        Origine :
        Du latin "vivenda", littéralement "ce qui sert à la vie", les viandes désignent tous les aliments, carnés ou non. Ainsi, un viandier est-il un livre de cuisine généraliste, évoquant la préparation de toutes sortes de plats, y compris les desserts. Certaines catégories de la population se nourissant essentiellement de chair animale (nobles, puissants), le mot prend progressivement dès le XIVème siècle le sens qu'on lui connait aujourd'hui.

        Prendre des VESSIES pour des lanternes

        Aujourd'hui :
        Se faire des illusions grossières sur des choses ou des gens. (Wiktionnaire)

        Origine :
        Vers le XIIIème siècle, on parle de "vendre vessée pour lanterne". C'est donc vendre la matière première au prix du produit fini, ce qui ne fait évidemment pas l'affaire.
        Mais il faut sand oute y voir également une allusion au sens de "lanternes" en tant que "fadaise", "conte absurde". Une vessie étant le symbole de quelque chose de vide, de rempli d'air, il s'agit donc également de vendre deux fois du vent.

      X-Y-Z

        0, 1..-..9

          Attendre 107 ans

          Aujourd'hui : 
          Attendre très longtemps, sans en voir la fin.

          Origine :
          En 1160, Maurice de Sully, évêque de Paris, décida de remplacer dans la capitale la vieille et petite cathédrale Saint Etienne flanquée d'une non moins petite église Notre Dame par une belle et grande cathédrale, moderne pour l'époque, de ce style né à Saint Denis et qu'on appelle alors "style français" : celui-là même qu'on dénigrera plus tard et qu'on qualifiera de "gothique", c'est à dire barbare. Mais la construction d'un tel chef d'oeuvre prend du temps et coûte beaucoup d'argent. Si bien qu'entre la construction elle-même et les arrêts du chantier pour cause de manque de fonds, la construction s'éternise et les parisiens en ont assez de ces travaux qui n'en finissent pas : commencée en 1163, elle sera finalement officiellement terminée en 1270. On a bel et bien attendu 107 ans pour en voir la fin.

        Pour en savoir plus

        • Les mots du Moyen-Âge, par Fabienne Calvayrac et Marion Vialade (ed. du Cabardès)
        • Petite histoire des expressions, par Gilles Henry, Marianne Tillier, Isabelle Korda (ed. France Loisirs)
        • Ordre des templiers, chevalerie et valeurs de France
        • L'Etymo-Jolie, ou l'origine surprenante des mots de tous les jours, par Bernard C. Galey (Ed. Tallandier)
        • Du coq à l'âne, ou l'Etymo-jolie 2, par Bernard C. Galey (Ed. Tallandier)
        • Expressio.fr
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